La soupe et la potion

LA SOUPE ET LA POTION

 

-Hep, jolie hirondelle, ne pars pas encore pour ton long voyage vers l’Afrique. Ecoute, écoute, j’ai un secret à te confier, une histoire à raconter au marabout de Tombouctou pour que tu puisses m’aider à rapporter l’ingrédient magique…

Ainsi parlait un matin d’octobre un jeune apprenti sorcier. L’hirondelle vint se poser sur une branche d’arbre en disant :

-Vite, vite, l’hiver approche ! Il ne me reste que peu de temps, mes amies m’attendent pour ce long voyage !

Pyrame, le jeune apprenti sorcier, s’énerva, tourna et retourna, se posa et se mit à parler :

-La sorcière Valnuit m’a donné une potion magique à réaliser pour que je puisse devenir un grand sorcier, et je me suis mis à rechercher l’ingrédient qui me manquait… Alors que je scrutais les maisons du village, j’ai aperçu une porte entrouverte. Sur le seuil, un chat me regardait fixement. Je me suis approché : m’est parvenu alors une douce mélodie. J’ai poussé la porte et dans la lumière d’un feu de bois, j’ai aperçu une vieille femme qui chantonnait tout en remuant son brouet. Elle releva la tête et deux yeux pétillants percèrent sa lourde chevelure blanche. Sa voix, douce et caressante, parvint jusqu’à moi… Elle me dit qu’elle savait que j’étais l’apprenti de la sorcière Valnuit et qu’il fallait que je sache que tout ce qui touchait cette sorcière avait un rapport avec l’obscurité. Elle me prêta alors une torche magique, en me demandant bien de la lui rapporter. Puis…

-Attends, s’impatienta l’hirondelle, qu’est-ce que moi, je viens faire dans cette histoire ?

-La torche magique permet de voler : laisse-moi juste te suivre, toi et tes amies, jusqu’à Tombouctou !

***

Ainsi fut fait. Une fois à Tombouctou, Pyrame était un peu désorienté. La nuit tombait et il avait faim, après son long voyage. Il vit un groupe de gens, assis devant une petite maison d’où s’échappait une très bonne odeur de soupe. Il s’approcha, se présenta et expliqua ce qu’il cherchait- un marabout et un bol de soupe.

Un grand homme maigre le regarda fixement et dit :

-Je suis le marabout et cette soupe n’est pas pour toi. Elle contient une pierre magique qui te tuerait !

Pyrame sauta de joie :

-Mais voici l’ingrédient qu’il me faut pour devenir un grand sorcier ! Donne-la moi !

Le grand homme maigre répéta à nouveau :

-Cette pierre n’est pas pour toi. Elle te tuerait !

Le jeune apprenti s’impatienta :

-Tu ne comprends pas, marabout. La sorcière Valnuit, ma maîtresse, m’a ordonné d’aller chercher ces ingrédients. Je dois le faire ! C’est ma mission !

Le marabout le regarda un long moment, puis il haussa les épaules !

-Puisque tu y tiens ! Mais ne compte pas sur moi pour pleurer sur ton imprudence !

A ce moment là, l’hirondelle vint se percher sur l’épaule de Pyrame dans un bruissement d’ailes :

-Frout, frout, Pyrame, écoute-moi ! Quelle maîtresse digne de ce nom demanderait le sacrifice de ta vie ?

-Valnuit en est capable.

-Et tu serais prêt à te sacrifier pour elle ?

-Quel autre choix ai-je donc ? Sans la pierre, je ne pourrais pas faire de potion magique, et sans potion magique, je n’obtiendrai pas mon diplôme de sorcier !

-Et sans diplôme de sorcier, tu seras toujours en vie, mon garçon. Maintenant, à toi de choisir !

-Alors, s’impatienta le marabout. Tu la veux, cette pierre ?

Pyrame hésita longuement, puis il s’inclina :

-Non, grand marabout, je ne prendrai pas cette pierre qui me tuerait.

***

A ce moment là, le village africain disparut dans une explosion de lumière… et Pyrame se retrouva dans son atelier, à côté de la sorcière Valnuit qui souriait, une fois n’est pas coutume. Elle mit la main sur l’épaule du garçon en disant :

-Bon, j’ai bien cru que tu allais rester apprenti encore longtemps ! Mais tu as enfin appris à écouter ta petite voix intérieure… ou les hirondelles amies. Rappelle-toi : l’appel de la magie ne doit jamais primer sur ce que te dit ton cœur, et l’ambition ne doit jamais te corrompre. Mon épreuve était là, Pyrame, pas dans la soupe du marabout,ou dans celle que  que nous allons déguster ensemble.

-Elle ne me tuerait pas ?

-Une soupe aux choux ? Pas aujourd’hui, mon garçon !

Et c’est ainsi que Pyrame devint sorcier, et l’hirondelle qui voyageait vers l’Afrique eut une belle histoire à raconter !

atelier Volubile, création commune, lundi 03/10011

consigne:

conte tourné, imaginé à quatre mains, sur le thème de la potion magique…

Chacun des participants en a écrit une partie, puis a passé la feuille à son voisin, qui a continué le conte, pour ensuite céder la parole au participant suivant… Difficile de trouver où chacun a cessé d’écrire!

 

 

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